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Le Monde d'Egérie

extraits de mes romans, mes news

Chapitre V

José fut tiré de son sommeil par son propre éternuement. Le nez dans la poussière, il reposait sur un sol dur et terriblement inconfortable. Il roula une première fois sur le dos pour prendre une grande inspiration puis roula une seconde fois sur lui-même pour se relever, prenant appui sur ses avant-bras.

Genoux au sol, il mit un certain temps avant de se lever tout à fait, abruti d'un terrible mal de crâne. La tête entre les mains, il attendit que la douleur sourde s'atténue.

 

José peinait à se souvenir des événements survenus dans les bois et la demeure mystérieuse, et préférait croire à un rêve surréaliste.

Une fois son mal de tête estompé, il voulut découvrir son environnement, mais sa vue était trouble. Instinctivement, il se mit à la recherche de ses lunettes, persuadé de les avoir perdues durant l'étrange tempête. Comme il tâtonnait le sol autour de lui pour les retrouver, elles lui glissèrent sur le bout du nez. Son trouble visuel était donc dû à tout autre chose.

 

« Bizarre ! » songea-t-il.

 

José entreprit de les nettoyer. Sans doute, étaient-elles ternies par la poussière. Mais, en les ôtant, il ne put que constater que, d'une façon incompréhensible et extraordinaire, sa vue devenue nette lui permettait désormais de voir distinctement sans leur assistance. Bien plus encore, José se sentait étrangement différent, changé, sans parvenir à déterminer la nature de ces changements. Plus inexplicables encore, les égratignures causées par les ronces des bois se portaient disparues de ses bras, mais ce détail lui échappa.

Sans se laisser troubler davantage par ce curieux phénomène, tout au moins positif pour lui, il rangea ses lunettes dans sa poche.

Sa migraine s'estompant, il put enfin examiner le cadre qu'il occupait. Il ne lui fallu qu'un bref instant pour s'apercevoir qu'il avait quitté la maison coloniale et resta interdit face au nouveau paysage l'entourant alors. La saulaie avait laissé place à la roche, la poussière sèche avait effacé la fraîche clairière et la demeure disparue au profit de hautes montagnes. Désormais en altitude, il se trouvait au sommet du monde.

José n'eut pas le temps d'admirer davantage le magnifique panorama s'offrant à lui. Il dut s'éloigner précipitamment de la place où il venait de s'éveiller, réalisant brusquement qu'il se tenait au bord d'un précipice. De manière inexplicable, il avait atterri sur un haut plateau, au sommet d'une montagne. L'endroit paraissait vaste et complètement désert. D'un bond en arrière, il se mit en sécurité au fond du plateau rocheux.

 

« Mais qu'est-ce que je fous là ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »

 

José ne pouvait plus nier le phénomène particulièrement anormal s'étant produit dans la demeure coloniale. Tout ce dont il se souvenait avait bien eu lieu, il ne s'agissait pas là d'un mauvais rêve.

 

Soudain, à quelques pas de lui, au bord du gouffre, une chose étincelante sous les faisceaux ardents du soleil attira son regard. Il s'en approcha avec prudence, le pas lent et assuré, craignant de voir le sol se dérober sous ses pieds.

Se penchant alors pour le ramasser, José eut la surprise de retrouver le morceau de médaillon resté dans sa main durant la dispute d'avec ses cousines. Cette fois, il prit le temps de le contempler, comme il n'avait pu le faire dans la maison. Héritier du quartier gravé de l'épée et du mot Fortia, le mystère qui l'entourait restait entier.

 

« Mais qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? »

 

Un instant, il abandonna sa réflexion et se tourna vers l'intérieur du plateau pour y chercher trace de ses deux cousines dont il n'avait pas encore remarqué la présence.

 

« Où sont passées Marie et Lucie? » s'inquiéta-t-il à voix haute comme si quelqu'un pouvait l'entendre et lui offrir une réponse.

 

Il ne les vit pas, ce qui l'inquiéta profondément. Une pensée terrible lui traversa alors l'esprit. Et si, en arrivant dans ce lieu, sur ce même plateau, elles étaient tombées dans le vide ! José voulut en avoir le cœur net pour effacer définitivement ce terrible doute planant. S'avançant de nouveau au bord de la plate-forme, il chercha au fond du ravin quelques traces d'accidents. Rien ne semblait évoquer un tel drame. Il en fut rassuré. Peut-être n'avaient-elles pas quitté la maison forestière.

Il se sentit soudain très seul, ne sachant que penser de sa situation, du lieu où il se trouvait. Il ne comprenait rien à la façon dont il y était arrivé et ignorait quoi faire pour retrouver ses cousines, la maison abandonnée, ses parents...

Las, il s'assit dans la poussière, maudissant la forêt les ayant piégés, ainsi que la demeure coloniale et le médaillon responsables de son malheur.

 

Comme suite à un long moment de découragement, il décida de ne pas se laisser abattre et se conforta dans l'idée qu'elles pourraient avoir été amenées ailleurs. Peut-être, dormaient-elles encore, quelque part près d'un rocher, non loin de là.

 

Il rangea le médaillon dans l'une de ses poches et, d'un pas pressé, se mit à parcourir le plateau à la recherche des deux sœurs. Il s'éloigna peu à peu, pour élargir son champ de recherches et finit par disparaître parmi les rochers.

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