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Le Monde d'Egérie

extraits de mes romans, mes news

Chapitre VI

Un vent doux soufflait dans les hautes herbes qui venaient lui caresser délicatement le visage. Chatouillée par les brins, Marie s’éveilla. Elle était allongée sur un lit de verdure confortable et si haute qu'elle lui offrait un berceau protecteur, barrant la vue à qui pouvait se trouver autour.

 

Éblouie par le soleil, elle posa une main sur ses yeux. Une douleur sourde battait sous ses tempes, embrumant sa vision.

Elle se dressa pour s’asseoir, le temps de reprendre ses esprits. Tout était clair dans sa mémoire. Marie se souvenait des moindres détails de ce qui s'était produit jusqu’à son évanouissement, bien que cela lui semblât incroyable et irréel.

D'abord, elle pensa que le vent terrible et la tornade brumeuse l’avaient projetée à l’extérieur de la maison et cru reposer dans la clairière qui l’entourait.

Se levant en douceur, elle constata avec stupeur qu’elle se trompait. Autour d’elle il n’y avait plus trace ni de la demeure coloniale, ni des saules qui la cernaient. Plus de forêt non plus, tout avait disparu. A perte de vue, n'apparaissait désormais qu’une immense étendue de verdure.

Où la brume mystérieuse avait-elle bien pu la conduire ? Elle n'en doutait pas, c'était bien elle la responsable de ce voyage inopiné.

 

Marie repensa soudain au médaillon brisé qui semblait avoir provoqué la tempête et, à tout hasard, se mit à sa recherche. Mais ce n'est qu'un tiers du bijou qu'elle retrouva, caché sous les herbes couchées, écrasées par son poids lorsqu’elle y dormait encore. Il s'agissait là, sans nul doute, de la partie tenue entre ses doigts lorsqu'il s'était rompu durant sa querelle avec sa sœur jumelle. Celle-là même qu'elle tenait au moment où elle avait perdu connaissance.

Elle le contempla, le faisant rouler entre ses doigts pour en faire apparaître, tour à tour, les deux faces. Persuadée qu'il renfermait une grande magie, il lui restait encore à déterminer si elle était bonne ou mauvaise.

« Qu'est-ce qui va encore se produire par sa faute, maintenant ? »

 

Le fragment en sa possession portait la tête du mage. Elle se souvint également que le reste du médaillon s'était trouvé brisé en deux autres morceaux, partagés entre sa sœur et son cousin. Mais de quelle partie avaient bien pu hériter José et Lucie. Et que pouvait bien signifier les inscriptions gravées au dos de chacune d'elles.

 

Pensant qu'ils dormaient, eux aussi, quelque part dans la plaine, elle entreprit de les chercher. Mais les herbes, trop hautes, masquaient ce qui pouvait demeurer au sol et rendaient impossibles ses recherches. S'ils reposaient quelque part dans l'herbage, ils ne seraient visibles qu'à la condition qu'ils s'éveillent à leur tour.

Marie héla leur prénom sans obtenir de réponse. Elle songea, avec espoir, qu'ils avaient peut-être été portés plus loin et décida de chercher un endroit qui surplomberait l'immense plaine. Un tel site lui donnerait plus de visibilité et faciliterait ainsi ses recherches.

Il lui sembla voir une éminence à quelques centaines de pas de la place l'ayant accueillie endormie. Marie traversa la vaste plaine pour l'atteindre, enjambant les hauts brins qui se balançaient au gré de la douce brise, se courbant volontiers sur son passage dans un salut révérencieux.

Il lui fallu marcher un peu avant d'atteindre la butte sur laquelle elle grimpa pour sonder les alentours. Mais, aussi loin qu'elle parvenait à y voir, de tous côtés, elle ne vit ni José ni Lucie assoupi dans la luxuriante verdure. Elle fut alors gagnée par une grande tristesse mêlée d'angoisse.

 

« Où sont-ils ? Qu'est-ce qui leur est arrivé ? » soupira-t-elle

 

A peine le temps de s'apitoyer sur son sort que son attention se porta sur tout autre chose.

Du haut de sa petite colline, elle ne parvenait certes pas à retrouver traces de ses deux compagnons d'infortune, mais son poste de surveillance lui offrit vue sur un autre sujet pour le moins intéressant.

Bien loin de l'autre côté de la plaine, se dressait une immense palissade dominée par une tour de guet. Son visage tourmenté s'éclaira alors d'une lueur d'espoir. Cet édifice sortit de nulle part, lui apparaissait tel un phare dans la nuit, prometteur d'une localité cachée.

Persuadée de trouver de l'autre côté l'aide dont elle avait besoin, elle imagina, également, la possibilité d'y retrouver ses proches déjà installés et l'attendant.

 

Marie ne s'attarda pas davantage sur son monticule verdoyant et se mit en route vers la citadelle inespérée. Elle connaissait, désormais, la direction à prendre pour avoir une chance d'obtenir des réponses à ses nombreuses interrogations.

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